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LES BEATES

C'est, vers 1665, sous l'épiscopat de Mgr de Béthune, qu'une jeune fille du Puy, Anne-Marie Martel, fonda avec l'aide de M Tronson, directeur au grand séminaire, l'institution des Demoiselles de l'Instruction Quelques années plus tard, en 1704, les religieuses s'unirent à leurs sœurs dites de l'Enfant Jésus, communauté créée par l'abbé Lefeulgueux, et la congrégation prit désormais le titre de Sœurs de l'Instruction de l'Enfant Jésus
Cette congrégation couvre comme un réseau de bienfaisance la contrée tout entière <Prières, instruction, visites des malades, soins des infirmes, aucune bonne oeuvre ne lui est étrangère Elle se compose de dames proprement dites et d'affiliées. Les premières portent le nom de Demoiselles de l'Instruction, les secondes ne sont guère connues que sous le nom de béates.
Ce mot de béate serait, paraît-il, un résumé de l'expression latine " benedicta a deo qui veut dire bénie de Dieu N'est-il point toutefois plus normal de lui restituer sa signification étymologique qui est celle d'heureuse ". Pourquoi la Béate ne le serait-elle pas en effet "' Comme Marie de Béthanie elle a choisi la meilleure part et se réjouit à l'avance de la récompense que Dieu lui tient en réserve en retour de son obscur dévouement. Celui qui s'humilie sera exalté
La Béate habite une maisonnette nommée Assemblée au-dessus de laquelle pend une petite cloche qui, matin, midi et soir, sonne l'Angélus, appelle villageois et villageoises aux exercices du chemin de croix, du chapelet et du mois de Marie et invite encore à prier, lorsque le prêtre porte le Saint Viatique à un habitant du hameau.
Le rez-de-chaussée de l’assemblée est occupé par une grande salle dont les murs sont ornés de statues et de pieuses images Sur le vieux plancher, des bancs de hauteurs différentes : les adultes prennent place sur les grands et les enfants sur les petits. Au-dessus du rez-de-chaussée, la chambre à coucher et la petite cuisine de la béate.
Ses occupations sont multiples Elle prend soin des petits enfants, lorsque les mamans vont aux champs, leur apprend les rudiments du catéchisme, de la lecture ainsi que de l'écriture. Elle visite aussi les malades, préside aux exercices religieux de l'assemblée, prend part aux coviges, autrement dit, aux réunions que les dentellières tiennent sur le pas des portes, vit de dons volontaires, du produit d'une ou deux quêtes et de quelques maigres redevances.
Bien qu'écrivain révolutionnaire, Jules Vallès qui avait vu les Béates à l’œuvre sur les hauts plateaux vellaves, parle d'elles d'une façon sympathique et note au passage quelques curieux détails de leur vie de naguère "En hiver dit-il, les Béates travaillent à la boule. Elles plantent une chandelle entre quatre globes pleins d'eau, ce qui donne une lueur blanche, courte et dure avec des reflets d'or. En été, elles portent leurs chaises dans la rue sur le pas de la porte et les carreaux vont leur train.
Si nos montagnes du Velay, du Gévaudan et du Vivarais sont restées encore si chrétiennes c'est à ces braves filles que nous sommes redevables de ce bienfait.
Un inspecteur d'Académie de la Haute-Loire, Monsieur Dunglas a fait, lui aussi, des Béates et de leurs petites écoles un splendide éloge. Ces Béates étaient nombreuses ; presque chaque hameau possédait la sienne. Sait-on qu'en 1880, elles étaient au nombre de 753 dans notre seul département. "La Béate est une création de notre sol, de notre climat de nos mœurs et de nos besoins. Quand l'Angélus cessera définitivement de tinter au clocheton de l'assemblée, il manquera quelque chose à la physionomie du village vellave" (H, Rouchon , La vie paysanne en Haute-Loire)

MNP
D'après un petit livret fourni par le Lycèe AM Martel

LES ASSEMBLEES

Dans nos villages
Un grand nombre de villages, et des plus imposants, fidèles à l'invitation qui leur avait été adressée, ont fait de Mois Marie. Partout, la sœur là où il y en a, là où il n'y en a pas, les jeunes filles Enfants de Marie, toujours ingénieuses et zélées ont dressé à la Sainte Vierge un magnifique trône tout resplendissant de superbes dentelles, de candélabres, de verdure et de fleurs. Surmontant leur timidité elles animent les réunions par leurs chants, oh ! pas partout mais il y a des progrès. L'an passé deux villages seulement avaient leur petit chœur de chant, maintenant il y en a au moins un de plus. Oh ! ces cantiques de villages, ils sont délicieux parce que vieux, très vieux, ils se conservent à l'Assemblée dans des vieux, des très vieux cahiers qui se passant d'une génération à l'autre. Ah ! Conservez vos Assemblées Elle est l'Assemblée du village, l'écrin où se garde ce qu'il y a de plus précieux, la vie traditionnelle, le caractère particulier, le parfum de terroir de chacun de ces petits centres. Dieu merci, mes chers paroissiens, vous le comprenez,
Lioriac a fait à son Assemblée une toiture neuve. La cloche a quelque peine à se mouvoir dans son clocheton.
A Pirolles ils se sont débrouillés pour réviser le toit, faire un plancher, et donner un coup de badigeon, ça y est tout neuf.
Au Monteil ils ont consolidé l'intérieur et ça peut aller loin ainsi. Voilà pour les gros villages de la plaine.
A la montagne ils ne sont pas moins débrouillards. A Grandcnamp il pleuvait dans l’Assemblée et ce n'était pas quelques gouttières qu'il fallait boucher, mais tout le toit à refaire. Les hommes, ils ne sont qu'une demi-douzaine, ont fait un toit neuf qui résistera à la pluie et que le vent du midi n'emportera pas Dieu sait pourtant s'il souffle le vent, là-haut.
Ceux du Viallard ne pouvaient pas moins faire que leurs voisins. Eux aussi sont montés sur le toit et ont bouché les fissures des murs. Leur Assemblée reste bien debout au milieu des maisons en ruines comme pour dire que malgré tout, l'âme du village reste toujours vivante.
De là-haut, du pied de la Madeleine on jouit d'un coup d’œil incomparable, on aperçoit là-bas dans le fond des villages "le long de l'eau" comme on les appelle. Eux aussi, ces villages "le long de l'eau" se mettent à faire comme les autres. A Vaures ils ont fait leur Mois de Marie cette année. Alors il a bien fallu constater que l’Assemblée n'est pas en brillant état. Ils en ont conclu qu'il fallait commencer des réparations, et ils s'y mettront vous verrez.
De l'autre côté, à Chizeneuve. ils savent ce que c'est que de s'entendre pour faire un travail, ils ont fait un pont. Maintenant ils penseront à leur Assemble, et peut-être bien que l'an prochain M Le Curé y fêtera le mois de Marie.

MNP
Bulletin Paroissial mois de juin 1927